08 OCTOBRE : UNE CHUTE MORTELLE

Attiré frénétiquement par la splendeur vertigineuse de tes cimes, Aurore, j’ai décidé d’aller en solo conquérir le charme de ton Everest. Des légendes racontent qu’aucun alpiniste n’a réussi, depuis des éternités, à fouler la pointe hyménique de ton mont de vénus, mystérieux et merveilleux. Ceux qui ont osé franchir la lisière amicale de tes flancs pudiques et sacrés ont vu sur leur front zélé s’abattre le courroux des dieux de la montagne. Malgré la chaleur glaciale de ta gentillesse et le nuage épais qui surplombe ton dôme paré  de mèches cristallines et capillaires, je me suis engagé à joncher l’aréole de ton nombril dans le dessein de déterminer sur quel dièdre fixer mes repères. Pour arpenter les galbes mitoyens de ta chaîne himalayenne et grimper en moulinette sur le cône sommital de ton corps escarpé, j’ai pu relier ma sangle au pontet de ton cœur par un nœud en tête d'alouette au bout duquel j’ai fixé un mousqueton. J’ai ancré ma broche sur la paroi de ton sein pour y accrocher ma dégaine. Hélas, mes chevilles autofereuses n’ont pas adhéré à la plaquette de tes principes. Les mousquetons que j’ai accrochés sur mon baudrier se sont détériorés. Mon amarrage s’est désintégré de ton roc et, désancré, par dévers la falaise, je suis tombé au fond de la crevasse, raide mort.

Martin Trésor Momha