14 OCTOBRE : CAUCHEMAR
Aurore, mes nuits tumultueuses et insomniaques sont meublées de monstres vampiriques à l’affût et d’angelots démoniaques. J’aurais bien voulu rêver des scènes d’allégresse, des amants qui se bécotent sur la lisière des vagues, des rendez-vous galants et des étrennes d’Amour. Mais dans cette sombre geôle où tu m’as enchaîné, mes jours sont aussi opaques qu’un soleil ténébreux. Ah ! Aurore, l’enfer étouffant dans lequel tu m’as condamné est une vraie sépulture tintamarresque qui me renvoie crûment l’écho sourd de mes gémissements. Tétanisé par une douleur paralytique, le sang se caille dans mes veines et palpitant, mon pouls qui bat la chamade provoque en moi des suffocations asphyxiantes, des hoquets sanguinolents et des sanglots asthmatiques. Pourrais-tu plonger délicatement tes lèvres hypocoristiques dans l’eau lustrale de l’Amour et humidifier ma bouche desséchée ? Pourrais-tu dégager d’un geste florissant le carcan de la solitude qui taraude mon cou par strangulations ? Pourrais-tu donc me tendre le levier d’Archimède et me sortir de ce trou noir dans lequel je végète ? Si tu me laisses bourgeonner et fleurir dans cette géhenne où la passion m’a enfoui comme une graine vénéneuse, pourrais-je offrir à la face du monde autre fruit que l’amertume ?
Martin Trésor Momha