16 OCTOBRE : UN MAL INCURABLE
Les médecins ont fait le diagnostic : Aurore, je suis atteint d’une maladie innommable. Atrocement contaminé par Vénus, ma mort est probable dans un futur proche, car à l’heure actuelle des recherches biomédicales, aucun protocole thérapeutique efficace n’est disponible. Les spasmes et les torsions de mon cœur enflammé par ce virus d’Amour se manifestent symptomatiquement par une fièvre émotionnelle, un déficit chronique d’anticorps passionnels, une accélération morbide du rythme cardiaque et une dégénérescence des tissus cutanés. Les schémas posologiques et prophylactiques divulgués par des épidémiologistes lors de leur dernier congrès sur « le syndrome auroral », dévoilent la carrure terrifiante d’un germe redoutable dont l’effet virulent est comparable à mille doses d’arsenic. Dans le cœur de l’amant où il loge comme une paramécie venimeuse, ce bacille tyrannique paralyse son hôte et le voue à une mort abominable. Mais un espoir persiste. La pulpe de tes fruits lancéolés et les effluves de ta prunelle centrale pourraient servir de base à la concoction de l’antidote et du sérum immunisant contre ce mal fulgurant qui me ronge et me tenaille. Aurore, pourrais-tu donc me laisser recueillir de ton corps médicamenteux les zestes moléculaires nécessaires à ma pasteurisation ?
Martin Trésor Momha